Lettre d’Octobre 2019 aux donateurs

Mesdames, Messieurs les donateurs

En cette rentrée 2019, la situation sociale de nombreuses personnes  s’est dégradée et hélas, les grands médias se concentrent sur les mêmes événements relatifs à des personnes connues, oubliant de bien tristes réalités : En 2019 à ce jour au plan national, plus de 600 personnes SDF sont mortes dans la rue et les prévisions pour l’hiver 2020 recensent 150.000 personnes sans domicile, dont de plus en plus de familles avec enfants.

Dans cet océan de difficultés, notre association lutte aux côtés d’autres plus connues pour l’amélioration du contexte général, tout en soutenant les familles que vous connaissez.

Je voudrais par le présent message vous faire un point de la situation et aussi vous remercier pour votre aide qui nous permet de continuer à agir.

Du côté de la famille A, nous avons obtenu en juin 2019 à titre exceptionnel, après des efforts non négligeables démarrés dès 2018 et mobilisant de nombreuses personnes et plusieurs « réseaux », des cartes de séjour (de validité d’1 an) pour K. et I. Ces cartes (qui ont coûté à Tass2T, 559 euros chacune) sécurisent la situation légale de la famille et ont permis à I. d’avoir un travail « normalement » rétribué donnant un peu d’air à notre association. Votre aide mensuelle ne nous permettait pas en effet auparavant de compenser les dépenses (nourriture, hébergement…) de la famille A.

Nous avons bien sûr, fait le nécessaire dès obtention des cartes, pour que les aides sociales (CAF, demande HLM…) dont la famille peut désormais bénéficier soient activées.

Nous avons donc en résumé franchi une étape que Phillippe aurait été content de fêter.

Cette bonne nouvelle a été hélas suivi d’une difficulté puisque l’appartement que la famille A occupait (mis à disposition par une adhérente) a dû être libéré fin juillet 2019. La famille, en attente de l’obtention d’un logement HLM, fait donc du « camping », c’est à dire est hébergée par différents amis.

Les enfants ont pu toutefois continuer leurs scolarités au même endroit avec du transport au quotidien. Nous espérons et agissons en ce sens pour obtenir un logement HLM avant l’hiver à venir.

Les deux familles albanaises (I. et M., filleules de Philippe) ont été correctement relogées par la Mairie de Toulouse suite à début avril 2019, l’expulsion « anormale » du squat qu’elles occupaient Rue du Tchad, depuis 2 ans. Tass2T s’est appuyé sur d’autres associations toulousaines pour obtenir ce résultat, la perte des équipements restés dans le squat ayant été en partie comblée par un don d’Emmaüs Toulouse. Notre association a également réglé une facture de150 euros pour la récupération auprès du garde meuble des matériels saisis par l’huissier chargé de l’expulsion.

Dernier point, concernant la communication que nous avons laissée un peu de côté par le passé, nous nous efforcerons de vous faire à l’avenir un point trimestriel.

Je vous confirme que votre aide nous est toujours indispensable et vous remercie encore de votre fidélité. Sans vous, rien ne serait possible !

Je reste bien sûr à votre disposition pour vous fournir toute information détaillée.

Jacques HOFFMANN

Président de Tass2T

 

 

Communiqué d’Emmaüs

« Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat. »

Ainsi commence l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948 dont l’Abbé Pierre a été co-rédacteur et qui fut adoptée par les 58 Etats Membres dont la France.

Depuis quelques jours, les forces de gendarmerie viennent dans les communautés Emmaüs (Grenoble, Rodez 2 fois, notamment) arrêter des compagnes et compagnons faisant l’objet d’une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) afin de les placer en centre de rétention et, pour les derniers cas, un jugement de retour vers leur pays d’origine.

Les communautés Emmaüs ont comme principales valeurs l’accueil inconditionnel, l’équité, le partage et la solidarité. Nous les pratiquons quotidiennement afin de servir le plus souffrant, de remettre des êtres humains debout et d’être au service des autres, toujours et pleinement.

La France a adopté depuis 71 ans cet article 13. Hier et aujourd’hui, l’Etat français bafoue sa propre parole, dénie ses propres engagements et préfère des options géopolitiques, économiques et, à l’heure actuelle, très certainement électorales au détriment de personnes dont le seul « crime » est de ne pas posséder les papiers nécessaires pour l’instant.

Un exemple : Rosa, compagne à Grenoble, actuellement détenue à Lyon et jugée avant-hier à retourner dans son pays alors qu’elle est depuis plusieurs années au sein des communautés Emmaüs sans enfreindre aucune loi et en participant de manière active au sein du territoire dans lequel elle habite.

Le préfet de l’Isère invoque notamment le fait qu’elle n’ait pas d’attache familiale car en instance de divorce.

En omettant que cette procédure de divorce est la conséquence de maltraitance sévère de la part de son mari.

Rosa, si je vous comprends bien, monsieur le préfet, aurait dû, pour obtenir plus facilement sa régularisation rester sous la coupe d’un mari violent et peut-être, à terme, homicide ?

Nous n’admettons pas ces arrestations alors que nos compagnes et compagnons mènent une vie, au sein de nos communautés, tranquille sans souci aucun avec les forces de l’ordre ou la justice.

Elles et ils participent au bien-être du territoire dans lequel elles et ils habitent.

Les communautés Emmaüs sont là pour accueillir celles et ceux dont, très souvent l’Etat se désintéressent ; elles pratiquent, grâce notamment au travail de celles et ceux que vous arrêtez aujourd’hui, une solidarité locale, nationale et internationale très active et très forte. Eh oui !!! Les plus humbles, les plus souffrants, les plus « pauvres » sont ceux qui aident le plus leur prochain.

En tant que vice-président d’Emmaüs France pour les communautés et aussi compagnon d’Emmaüs, je déclare que nous n’acceptons pas cette politique du haro sur le plus souffrant et le plus faible.

Nous n’acceptons pas que certains préfets ne respectent pas totalement la loi alors qu’elle a été votée, notamment la loi entrée en vigueur le 1er mars 2019sur les possibilités de régularisation.

Nous n’acceptons pas que soit bafoué quotidiennement l’article 13 et que l’Etat français soit depuis 71 ans un Etat sans respect de sa parole sur ce sujet.

Nous prendrons dès maintenant toutes les mesures nécessaires pour protéger les plus souffrants, les plus démunis, les plus délaissés.

Nous mettons le principe d’humanité au-dessus de toutes les lois humaines qui nous semblent mettre en danger les personnes.

Nous demandons que cessent ces arrestations et que les personnes qui vivent tranquillement sur le territoire français en participant activement à son enrichissement ne soient plus inquiétées.

Michel FREDERICO
Compagnon d’Emmaüs
Vice-président d’Emmaüs France

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